Les « F.F.I. » de BLARINGHEM.
Ils l’attendaient, cette première mission,
Car, pour combattre, il fallait la permission.
« Garder le pont intact » sera leur obsession.
Ils furent « Fair play » avec leurs prisonniers.
Quel dommage que Gilbert, pour se défendre,
Dut tuer « le frisé » en tirant le premier,
Déclenchant la haine que vengeance engendre.
La « Distillerie » était « Quartier Général »
Pour nos soldats de l’ombre elle devint mouroir.
Ils furent torturés, mais dans leur dernier râle,
L’héroïsme dessinait déjà la Victoire
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Il y a donc plus de cinquante ans que mon métier me donnait l'occasion de travailler avec Bernard Dhédin, ancien résistant de Blaringhem, près d'Hazebrouck, qui, à la libération, s'était engagé dans la 1ère Armée Française pour continuer le combat et, me disait- il , venger son frère. Malheureusement, blessé de guerre, il quitta le métier des armes pour celui des tuyauteries.
Carte et certificat FFI de Bernard Dhédin
Loin du Nord, pendant la guerre, j'étais friand de connaître la résistance régionale à l'occupant. Il me narra les évènements qui avaient marqué Blaringhem avant l'arrivée des alliés. J'appris donc la mort héroîque de son frère Pierre et de trois autres de ses amis F.F.I. Détail atroce, Bernard m' a dit qu'en plus des impacts de balles et de coups, une pipe était enfoncée dans chacun des yeux de son ainé.. Barbarie.... Bernard n'a dû sa vie sauve qu'au prix d'une cavale éperdue que son frère Michel m'a promis de nous dévoiler
.
Aujourd'hui, un autre Pierre Dhédin, petit-fils de Bernard fait partie des Sapeurs Pompiers d'Hazebrouck et, pour lui, l'ancien chef de Corps des Pompiers d'Hazebrouck ( et de Blaringhem) que je suis, tient à rendre hommage à l'oncle qui lui a confié son prénom. ll faut noter que son père, Jean Pierre, qui a appris le métier à mes côtés, m'a beaucoup aidé à le faire.
Pierre Dhédin, notre sapeur pompier
Récit de Georges Goblet ( archives de la famille de Pierre Dhédin)
Je ne retrouve pas dans ce récit, surtout en ce qui concerne l'action de la résistance locale, les propos que m' a souvent tenus Bernard Dhédin sur ce sujet et le récit du "petit frère" de nos deux F.F.I. vient confirmer mes dires.
Le récit de Michel Dhédin, témoin direct de ces évènements
Libération de Blaringhem
Georges Goblet avait mon âge, son récit est probablement le recueil des souvenirs des vagues résistants de la dernière heure. Avant de relater ce que j’ai vécu, je veux brosser le village de Blaringhem tel qu’il était en 1944.
Blaringhem comptait environ 1400 habitants. C’était une bourgade essentiellement rurale. La distillerie et la manufacture de produits plastiques employaient à peine une cinquantaine d’ouvriers. Les fermiers avaient largement profité des mannes du marché noir. Aujourd’hui, avec du recul, il me semble que le patriotisme n’était pas la qualité première de la majorité de la population. Cela explique peut-être le mutisme de mon frère Bernard sur cette époque.
Revenons au dimanche 3 septembre 1944.
A 8 heures du matin, mon frère Pierre se rend à l’église pour y communier. En passant devant l’école des garçons; l’instituteur, M. Lecroix l’interpelle : « Viens voir Pierre, il y a ici 2 soldats allemands qui veulent se rendre et être faits prisonniers » C’est ainsi que commenceront les événements.
A son retour de l’église, Pierre rassemble quelques camarades et ils emmènent leurs prisonniers avec armes et bagages vers la distillerie puis vers la maison ou d’autres prisonniers viendront les rejoindre et seront gardés par un résistant. Les opérations se poursuivent tout au long de la journée. Il est évident que la mission est d’empêcher le pont de sauter.
A la tombée de la nuit une équipe du génie allemand vient pour faire sauter le pont et pendant qu’ils installent les charges explosives ils se font mitrailler par les résistants postés à des postes stratégiques. Il s’en suit des échanges nourris de coup de feu pendant une partie de la nuit jusqu’au décrochage des allemands.
Au milieu de la nuit, mes frères rentrent à la maison pour dormir un peu et demandent d’être réveillés au petit matin pour aller rejoindre leur poste. A ce moment, ils ignorent que, pendant la nuit, une formation blindée allemande, puissamment armée, est venue prendre position au village. Regagnant la distillerie à travers prés, ils sont intrigués par des conversations en allemand alors qu’ils traversent un bassin de décantation. Mais il est trop tard, une patrouille allemande apparait. Bernard s’échappe en courant en évitant les coups de feu. Pierre et Edmond sont faits prisonniers.
Il est entre 7 ou 8 heures du matin, ma mère et moi sommes chez notre voisine quand Bernard arrive en courant et nous relate les faits. L’instant d’après apparait Pierre, marchant au milieu de la rue, encadré par une vingtaine de soldats allemands en armes. Ils sont à la recherche du fugitif qu’ils appellent : Fernand. ( C’est un leurre imaginé par Pierre pour épargner Bernard). Aussitôt la soldatesque perquisitionne la maison de fond en comble. Dans la précipitation Bernard s’est réfugié au grenier et s’est caché dans une chambrette derrière un fauteuil. Par deux fois des soldats visiteront la pièce sans le découvrir. Pendant ce temps Pierre qui est assis dans le fossé en face de a maison m’a demandé d’aller prévenir le capitaine Deschildre , le commandant des F.F.I.
Les fouilles terminées, toute la petite troupe sur deux colonnes tenant leurs fusils braqués sur Pierre vont, à travers champs, vers la ferme de Joseph GAZET où ils trouveront le camarade Fernand à peine levé.
Pendant ce temps, je pars prévenir Deschildre qui habite près du garage de la route du Pont. Je suis en culotte courte et marche doucement. La place est occupée par plusieurs engins blindés, automitrailleuses avec des soldats en armes sur les tourelles. Au fur et à mesure que j’avance je vois les armes qui suivent ma progression et ceci aussi bien à l’aller qu’au retour.
En rentrant à la maison, j’apprends que Bernard a rejoint Marceau Compagnon . Ignorant le lieu où ils s’étaient réfugiés, je montais dans l’après midi à la Belle Hôtesse chez ma grand-mère à 5km du village. Elle m’apprit qu’ils étaient cachés à côté à la grande ferme.
Tout au long de la journée du 5 septembre nous entendrons des tirs de canons et de mitrailleuses. Vers minuit un engin tracté ressemblant à un affût de canon passera à très grande vitesse devant chez nous partant en direction d’Hazebrouck. Il avait à son bord un soldat aux deux jambes arrachées. Un grand calme suivi jusqu’au petit matin et quelques soldats Polonais portant le casque anglais apparurent.
Ici se termine mon récit, la suite vous la connaissez. Cependant des questions demeurent, les a-t-on posées ?
Qui a exhumé les 3 corps des soldats allemands enfoui dans le charbon?
Qui a indiqué aux allemands la cache de Marceau Compagnon et de Bernard?
Pour la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour la Liberté, qui, à Blaringhem, fera acte de repentance !
Voici un autre document exeptionnel, celui de Marcel Deschildre qui a établi un rapport manuscrit et officiel des évènements et qui a été retrouvé par Jean Pierre Dhédin dans sa " grosse valise" contenant les archives familliales.
Commune de Blaringhem
Compte Rendu du Maréchal des Logis Chef Deschildre du Secteur Flandre Compagnie.......
H N° 64046 des F.F.I. Groupement Voix du Nord.
Avec les affiliés de W.O. Dhédin Pierre et Bernard, à huit heures trente nous faisons prisonniers deux motocyclistes allemands qui réparaient leur machines à l'école des garçons. Vers 9 heures, d'autres camarades prennent un boche qui dormait dans une ferme. Vers 13 heures, deux de l'organisation Todt sont ramassés dont un adjudant chef. Vers 18 heures, une auto francaise, pilotée par deux boches, remonte vers le pont, mais, ne pouvant pas monter la rampe, la voiture recule dans le caniveau . Les allemands en descendent et demandent aux camarades qui sont là des pousser la voiture; ils refusent, les boches les y obligent en les menaçant de leurs revolvers. Un des deux remonte en voiture quand deux coups de feu éclatent. Les deux boches avaient été tirés à bout portant.
Nous les trainons dans la distillerie, rangeons la voiture et enlevons les deux cadavres dans le charbon de l'usine. Vers 13 heures, un autre boche est tué près du Château, son cadavre trainé et enterré à la scierie.Entre temps, le nomme Paul TISCHER, né à Sarrebruck, qui faisait partie de l'espionnage dans la région au compte du réseau W.O. ce dernier se faisant passér vis à vis des boches,comme un agent de la gestapo, nous donne l'ordre de rassembler toutes les armes que nous avons récupérées dans ces dernières actions.
1 mitraillette - 7 fusils - 4 pistolets et 25
grenades qui venaient du Pont Asquin et 20 hommes, ceux ci pour empêcher les boches de détruire le pont. A 22 heures trente, commandés par le sarrois habilllé en uniforme de capiaine francais nous attaquons le pont vers 22 heures trente. Vers 1 heure du matin nous avons abandonné faute de munitions. Le lendemain matin Pierre Dhédin était arrété par les boches ainsi que Gérard Bels et Vandewalle Edmond.
André Plockin était tué en essayant de leur échapper. Pierre Dhédin, Gérard Bels, Edmond Vandewalle furent fusillés dans la cour de la distillerie le lundi matin. Quand à P. Tischer il fut tué en combattant à Aire sur la Lys
Blaringhem, le 8 septembre 1944
M. Deschildre
Matériel pris aux Boches 5 prisonniers
5 tués
1 Moto
1 Auto
7 fusils
4 Pistolets
DISCOURS PRONONCE AU CIMETIERE PAR LECAPITAINE ALBERT
(NOM DE GUERRE) L'UN DES CHEFS DES F.F.I. SECTEURD'AIRE-SUR-LA-LYS.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi d'adresser à mon ami Paul THICHLER, un hommage suprême et un dernier adieu.
Originaire de la Sarre, mais Français de coeur, ils'adonna tout entier à cette oeuvre immense qui consistait à libérer notre chère Patrie de l'oppression de l'envahisseur ; de cet envahisseur dont il eut à souffrir personnellement puisque, interné dans un camp
de concentration, durant quatre longues années, il ne parvint à s'en évader qu'après de multiples difficultés.
Mon cher Paul, sous un abord calme, tu cachais une grande volonté et, plus d'une fois, tu fis preuve de plus grand courage, voire même d'audace et d'intrépidité.
C'est ainsi que, dans la nuit du samedi 2 septembre, seul, sans armes tu empêchas de sauter le pont de Blaringhem.
La nuit suivante, faisant une fois de plus le sacrifice de ta vie, tu affrontes l'ennemi et lui fis perdre plusieurs hommes.
Malheureusement, tes exploits devaient en rester là, car cette nuit te fut fatale.
Tu disparais en héros, à l'aube de la libération du notre France aimée, à 26 ans, à l'âge où tous les espoirs sont permis ; espoir de vivre, de vivre libre surtout.
Mon cher Paul, je te dis une dernière fois adieu et je t'apporte le suprême salut des camarades des Forces françaises de l'Intérieur.
30 octobre 2014, Monsieur Hervé Dewassine nous montre la tombre de Paul Tilcher à Aire sur la Lys
Hommage à Pierre Dhédin
Un document rare: sa carte de résistant
Le beau jeune homme
La jeunesse heureuse avec les copains
L'équipe de foot
La reconnaissance de la Nation
Médéille militare
Croix de guerre avec palme pour citation à l'ordre de l'Armée.
La reconnaissance de la Commune de Blaringhem à Pierre Dhédin
et à deux autres résistants Blaringhémois
Ce 12 août 2014, Florence Piret Plockyn, sa petite fille, me fait parvenir la seule photo d'André Plockyn prise du temps de son service militaire et je la remercie.
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Ce 18 août 2014, Florence nous offre deux précieux documents concernant notre Héros de Blaringhem
Le pont actuel qui a remplacé celui qui fut l'enjeu de la bataille
Monsieur Roland Delecroix, Mare de Blaringhem et sa secrétaire Madame Danièle Vandecastelle nous ont ouvert le registre des décés de ce jour sombre et nous nous apercevons que l'un de nos héros, Gerard Bels était natif d'Hazebrouck.
Natif d'Hazebrouck, Officier des Forces Francaises combattantes
Ne les oublions pas, ne l"oublions pas.
Si d'autres familles de nos héros de Blaringhem me fournissent, éventuellement, leurs photos , elles seront inserrées dans cet hommage
27 Mai 2014
Une parente du boulanger de Blaringhem ( à l'époque) vient de me contacter mais je ne connais pas son adresse pour lui donner les renseignements demandés. Je lui signale que nous préparons le 70ème anniversaire de cette tuerie en septembre prochain, aidés par la Municipalité de Blaringhem. Qu' Hélène me contacte par la New letter du blog qui me confiera son adresse Merci
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